SOUS LE GRAND MANGUIER



        C’était une époque formidable, me dit-il. Nous étions sous le grand manguier de la place Fatima, à côté du kiosque à journaux tenu par un analphabète illettré. Il était 11 heures ce dimanche matin de la fin du mois d’octobre, une ou deux semaines avant que la saison des pluies ne s’installe vraiment dans cette région coincée entre l’Amazonie humide et le Sertão brûlant. Il répéta deux fois : c’était une époque formidable. Il parlait de football, les années 50 puis les années 60. Il évoqua Pelé et deux ou trois autres joueurs. Je ne connais pas grand-chose au ballon rond. Mais j’aime bien écouter les gens au Brésil quand ils parlent foot, footeux, goal, arbitre-aux-chiottes et compagnie. Au Brésil ou ailleurs. En France au bar du Commerce, en Italie sous les arcades de Bologne et au Tibet, devant le… Au Tibet ? Ils jouent au ballon au Tibet ? Mes amis de la place Fatima, en face de l’église, sous le grand manguier n’avaient pas d’avis sur la question. N’empêche, c’était vraiment une époque formidable.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire